Kora djoulou fô n’dé yén
La Kora, un instrument musical emblématique d’Afrique de l’Ouest, occupe une place de choix dans les traditions orales de régions telles que la Guinée, le Mali, le Sénégal, la Gambie, et d’autres encore. Cet instrument est l’apanage des djélis, narrateur, musiciens dont la mission consiste à réciter en musique des poèmes, des contes, ainsi que les hauts faits et les péripéties des grandes familles royales d’Afrique de l’Ouest.
Joue-moi une histoire
L’instrument a trouvé un terrain particulièrement favorable au sein de la musique guinéenne, gambienne, malienne, sénégalaise, ainsi que dans des pays tels que la Guinée-Bissau et la Sierra Leone. Parmi les éminents interprètes contemporains de la Kora figurent des noms tels que Toumani Diabaté (originaire du Mali), Ballaké Sissoko (également malien), Ablaye Cissoko (sénégalais), Soriba Kouyaté (malien), la talentueuse koriste Sona Jorbateh (gambienne et anglaise), Djeli Moussa Diawara (guinéen) ou encore Mory Kanté (guinéen).
Cet instrument se compose d’une demi-calebasse de grande taille servant de caisse de résonance, revêtue d’une peau de bœuf. Il est muni d’un manche en bois sur lequel sont tendues, à la manière d’une harpe, de nombreuses cordes (généralement de 19 à 28 cordes). Autrefois fabriquées à partir de boyaux, ces cordes sont aujourd’hui souvent confectionnées en fil de pêche en nylon. Le koriste, assis devant l’instrument, pince les cordes avec ses pouces et ses index, produisant ainsi des mélodies envoûtantes.
Légende mélodieuse
La Kora est considérée comme un instrument sacré et est jouée principalement par les familles de djélis, notamment les Cissoko, les Kouyaté et les Diabaté. Plusieurs légendes entourent l’origine de la Kora. Selon l’une d’entre elles, Djeli Moro Sousso, originaire de Gambie, attribue l’invention de la Kora à Koriang Moussa Sousso (Cissokho), qui aurait reçu la révélation de cet instrument au bord du fleuve dans le village de Brufut, en Gambie. Selon cette légende, il aurait eu une rencontre avec un esprit ou un djinn à un endroit nommé Sané Mintereng, qui lui aurait transmis le secret de la Kora.
Après cette expérience, il se serait rendu à Kombo Bussumbala, où il fabriqua sa première Kora. Par la suite, il voyagea jusqu’à Kiang Bateli, où il donna le nom de « Kora » à son nouvel instrument. Toutes ces localités se situent en Gambie. Enfin, il se rendit à Bérékolong, en Guinée-Bissau actuelle, chez un roi nommé Samé Koly, où il s’installa. C’est à partir de Bérékolong, dans le Gabou, que la science de la Kora fut enseignée et diffusée dans le monde entier.
Ainsi, bien que l’instrument se soit répandu au-delà des frontières de la Gambie actuelle, c’est en Gambie que la science de la Kora a vu le jour, grâce à un djeli originaire du Mali. Ce dernier reçut la connaissance de la Kora à Brufut, puis la matérialisa à Bussumbala, toujours dans la province de Kombo. Il baptisa l’instrument « Kora » à Bateli, dans la province de Kiang. Jusqu’à présent, cette histoire se déroule en Gambie actuelle. Cependant, c’est à partir de Berekolong, en Guinée-Bissau actuelle, qu’il s’établit pour enseigner et diffuser la science de la Kora. Ainsi, voici l’histoire de la Kora, un patrimoine du clan des Cissokho ou Sousso, aujourd’hui appréciée dans le monde entier et enchantant les oreilles de tous.
Sona Jobarteh & Band – Kora Music from West Africa
Kora en couv : Collection Crosby Brown d’instruments de musique, 1889
Par Littérafrique