Petit Piment
Bienvenue chez Litterafrique by Koumafo, Aujourd’hui, nous n’allons nous diriger vers le Congo avec le roman Petit Piment d’Alain MABANCKOU.
“Pour bien écrire, il faut savoir vivre et revivre ses souvenirs.” Alain Mabanckou
Résumé de l’ouvrage
L’histoire du roman prend place à l’orphelinat de Loango au Congo. C’est dans cet établissement que vit un jeune garçon appelé Moïse par ses pairs. Notre protagoniste est également surnommé « Petit Piment », d’où le titre de ce roman éponyme, qui, comme vous allez le voir, ne manque pas de piquant ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que la vie n’est pas tendre avec Petit Piment.
Elle commence sur les chapeaux de roue avec des années difficiles à l’orphelinat. Ensuite, il doit faire face à la dure réalité des basfonds de la Pointe Noire, là où règne la loi du plus fort, jusqu’à être mené précocement à la folie. Son réconfort, il le trouvera auprès des filles de joie, et notamment dans la maison close d’une certaine Maman Fiat 500.
À travers le destin tragique de Petit Piment, l’auteur dépeint, de manière crue et sans concessions, la société congolaise des années 60-70, marquée par les conflits sociaux, la corruption et la misère. Une place importante est également réservée à la condition des femmes congolaises au travers du récit.
« … … Seul Dieu est capable de juger de nos actes, Petit Piment. A-t-on jamais cherché à savoir ce qu’il y a derrière chaque femme qui marchande ses attributs, hein ? Pense-t-on que c’est une activité qu’on choisit comme certains choisissent de devenir coiffeur ou charpentier ? On ne naît pas pute, on le devient. Un jour ou l’autre, on se regarde dans la glace, l’horizon semble bouché parce qu’on est au pied du mur et puis on franchit le pas, on propose à un passant son corps avec un sourire de circonstance, parce qu’il faut aguicher comme dans tout commerce. On se dit que ce corps, même si on le déprécie un soir, on le lavera le lendemain afin de lui rendre sa pureté. Et on le lave une fois avec de l’eau de Javel, on le lave deux fois avec de l’alcool, puis on ne le lave plus du tout, on assume désormais ses actes parce que les eaux de la terre ne pourront jamais procurer de la pureté à qui que ce soit… »
Alain Mabanckou – Petit Piment
Ce qui m’a marqué
Il y a des œuvres qui nous bouleversent dès les premières lignes et d’autres qui requièrent que l’on soit assez mûre pour y être sensible. Pour moi, Petit Piment fait partie de cette seconde catégorie. Ce roman, je l’ai débuté plusieurs fois avant de finalement me laisser séduire par ses verbes. Plusieurs choses me font aimer ce roman. Je trouve, à titre personnel, que l’auteur a su retranscrire à la perfection la vision innocente et naïve d’un monde froid et cruel ; celui dans lequel évolue notre protagoniste.
Le roman permet non seulement à Alain MABANCKOU de renouer avec ses racines, mais également à nous autres, lecteurs, de découvrir les causes et les conséquences de la révolution socialiste au Congo. Petit Piment, c’est par ailleurs une ode à l’amour maternel.
En tant qu’orphelin, le héros de cette fiction connaitra davantage les sévères réprimandes que la bienveillance de parents aimants durant son enfance. Cette quête de l’amour maternelle, il la poursuivra jusqu’à ce qu’il le trouve auprès de maman Fiat 500 et de ses dix filles. C’est là tout le paradoxe qui rend cet ouvrage intéressant, car la première fois que Petit Piment trouvera l’amour d’une femme, ce sera au sein d’une maison close. Le message porté par ce roman, son style volontairement naïf et sa vision du Congo de l’époque sont autant d’éléments qui font que je vous recommande sa lecture !
Par Littérafrique