
Fatou Diome
On peut remplacer nos pagnes par des pantalons, trafiquer nos dialectes, voler nos masques, défriser nos cheveux, ou décolorer notre peau, mais aucun savoir-faire technique ou chimique ne saura jamais extirpé de notre âme la veine rythmique qui bondit dès la première résonance du djembé, raison et sensibilité ne s’excluent point.
Fatou Diome
Élevée sous l’aile bienveillante de sa grand-mère, Fatou Diome voit le jour en 1968 sur l’île de Niodor, au Sénégal. Dès son plus jeune âge, elle défie les conventions en choisissant de côtoyer les hommes plutôt que de se conformer aux tâches domestiques réservées aux femmes, comme le veut la tradition ancestrale de sa terre natale. D’un esprit en décalage constant avec le microcosme insulaire, elle fait le choix audacieux de fréquenter l’école, apprenant ainsi le français. Sa grand-mère devient sa confidente privilégiée, à qui elle confie scrupuleusement tous ses précieux cahiers. À l’âge de treize ans, une passion dévorante pour la littérature francophone l’envahit, et elle se lance dans l’écriture.
À vingt-deux ans, un amour naissant pour un Français la conduit au mariage et la pousse à quitter le Sénégal pour la France. Rejetée par la famille de son époux, elle traverse ensuite une période de grande détresse, abandonnée à son sort d’immigrée sur le sol français.
Pour subvenir à ses besoins et financer ses études, elle s’engage dans des travaux domestiques pendant six ans, même lorsqu’elle occupe la fonction de chargée de cours durant son DEA, une occupation qui ne lui assure qu’un revenu modeste. Après des études en lettres et philosophie à l’université de Strasbourg, elle y enseigne, puis poursuit son enseignement à l’Université Marc-Bloch de Strasbourg et à l’Institut Supérieur de Pédagogie de Karlsruhe, en Allemagne. En reconnaissance de ses mérites, elle se voit décerner les insignes de doctorat honoris causa par l’Université de Liège en 2017.
Fatou Diome partage aujourd’hui son temps entre Strasbourg et le Sénégal. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages littéraires, dont un recueil de nouvelles intitulé « La Préférence nationale, » ainsi que plusieurs romans, dont « Le Ventre de l’Atlantique, » « Kétala, » « Inassouvies nos vies, » « Celles qui attendent, » pour n’en citer que quelques-uns.
« Ma paix intérieure réside dans le dialogue des cultures ». Fatou Diome
Bibliographie :
- La Préférence nationale, recueil de nouvelles, édition Présence Africaine, 2001
- Le Ventre de l’Atlantique, roman, éditions Anne Carrière, 2003 – éditions Le Livre de Poche 30239
- Les Loups de l’Atlantique, nouvelles, 2002 – Dans le recueil : Étonnants Voyageurs. Nouvelles Voix d’Afrique.
- Kétala, roman, 2006, Éditions Flammarion
- Inassouvies, nos vies, roman, 2008, Éditions Flammarion
- Le vieil homme sur la barque, récit (illustrations de Titouan Lamazou), Naïve, 2010
- Celles qui attendent, roman, 2010, Éditions Flammarion
- Mauve, récit, 2010, Éditions Flammarion
- Impossible de grandir, roman, 2013, Éditions Flammarion
Par Goundo G